Après le reclassement de 210 communes à l’automne 2023, puis celui de 865 autres au 1er août 2024, un nouvel arrêté publié le 6 septembre 2025 par la ministre chargée du Logement, Valérie Létard, acte le reclassement de plus de 450 nouvelles communes. Plus de la moitié rejoignent désormais les zones dites « tendues », permettant ainsi de soutenir la construction de logements locatifs intermédiaires (LLI) et d’accroître l’offre de logements abordables dans des territoires en forte dynamique.
Une réforme inscrite dans un contexte politique mouvant
Cet arrêté intervient à la veille du vote de confiance du gouvernement Bayrou et dans un climat marqué par l’éventualité d’un changement de Premier ministre. Pour autant, la révision du zonage ABC, qui classe les communes en fonction du déséquilibre entre l’offre et la demande de logements, reste une mesure technique et attendue par les collectivités, précise le ministère du Logement dans un communiqué. Elle conditionne en effet l’éligibilité à certains dispositifs fiscaux et financiers, en modulant notamment les plafonds de loyers et de ressources.
Une large concertation avec les élus locaux
Depuis plus d’un an, les services du ministère du Logement, en lien avec les Préfectures, ont conduit un important travail de consultation locale. Objectif : affiner le classement des communes et adapter les outils d’aide à la construction et à l’investissement immobilier.
Ce travail collaboratif a notamment porté sur les territoires en forte croissance démographique ou économique, où la pression sur le marché locatif se fait particulièrement sentir.
Des communes alpines et littorales particulièrement concernées
Le reclassement concerne de nombreux secteurs en tension :
• Les Alpes et notamment les stations de sports d’hiver, à l’approche des Jeux olympiques d’hiver 2030 : Briançon, Le Monêtier-les-Bains, Huez, Tignes, Val-d’Isère… passent en zone A ;
• La métropole lyonnaise, qui voit son périmètre de zone tendue élargi avec l’intégration de communes comme Oullins-Pierre-Bénite, Saint-Genis-Laval ou Limonest en zone A ;
• Le littoral atlantique, et en particulier l’île de Ré, dont la quasi-totalité des villages rejoignent la zone A : Ars-en-Ré, La Flotte, Saint-Clément-des-Baleines… ;
• La Haute-Savoie, où plusieurs localités touristiques (La Clusaz, Megève, Les Houches) passent en zone Abis, rejoignant ainsi les territoires les plus tendus du pays.
A noter que la commune d’Alfortville (Val-de-Marne) fait figure d’exception, puisqu’elle sort du zonage Abis à sa demande. Au total, 19 communes ont été déclassées, signe que la révision ne va pas uniquement dans le sens d’un renforcement, mais bien d’une adaptation fine aux réalités locales.
Des outils renforcés pour le logement locatif intermédiaire
Ce nouveau zonage ouvre la voie à la production de logements locatifs intermédiaires dans les communes classées Abis, A et B1. Ces logements, positionnés entre le parc social et le marché libre, sont destinés aux classes moyennes souvent exclues du logement social mais confrontées à des loyers trop élevés dans le privé.
Pour la ministre du Logement, cette réforme est une étape clé : « Cet arrêté représente une avancée dans le soutien au logement locatif intermédiaire et donc de la production de logements abordables dont les ménages ont besoin », a déclaré Valérie Létard.
Un levier pour anticiper les dynamiques de développement
Le ministère insiste sur la volonté d’accompagner les dynamiques économiques et démographiques. C’est notamment le cas du bassin de Dunkerque, en plein essor industriel, ou des zones alpines en vue des JOP 2030. Les communes reclassées pourront mieux anticiper la demande future et diversifier leur offre de logements, au bénéfice des actifs attirés par ces territoires.
Pour les acteurs de l’immobilier neuf, ce nouvel arrêté constitue un signal fort : la reconnaissance officielle de la tension sur certains marchés leur ouvre l’accès à des dispositifs de soutien. Les promoteurs et investisseurs pourront ainsi relancer des projets là où l’équilibre économique paraissait difficile sans cet appui réglementaire.

