A l’heure où les écoliers reprennent le chemin des classes, les emprunteurs, eux, scrutent les barèmes bancaires. La rentrée 2025 s’ouvre sur un climat divisé : stabilité globale des taux, quelques frémissements haussiers, mais aussi la persistance d’offres attractives. Malgré un contexte politique plus que tendu, selon les experts du courtage, le crédit immobilier conserve des atouts pour les ménages souhaitant concrétiser leur projet.
Des taux bancaires globalement stables, mais un plancher atteint
Selon les données de Vousfinancer, septembre s’inscrit dans la continuité d’août : aucune banque n’a baissé ses taux, et près de la moitié ont appliqué de légères hausses, de l’ordre de 0,05 à 0,10 %. Les moyennes s’établissent désormais à 3,05 % sur 15 ans, 3,25 % sur 20 ans et 3,45 % sur 25 ans. Les meilleurs profils continuent toutefois d’obtenir des conditions préférentielles, avec des décotes possibles jusqu’à 2,8 % sur 15 ans et 3 % sur 20 ou 25 ans.
« Comme en août, dans un contexte de remontée des taux d’emprunt d’Etat, certaines banques, plus vigilantes sur la rentabilité de leur activité de crédits, ont remonté leurs taux. Les autres les maintiennent en dépit du contexte, mais aucune ne les baisse témoignant de la probable atteinte d’un plancher pour les taux de crédit », analyse Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer.
Du côté de Cafpi, le constat est similaire : « L’été s’achève dans un climat serein pour le marché du crédit immobilier. Le mois d’août confirme la stabilisation des taux, même si quelques établissements ont légèrement relevé leurs barèmes. »
Autrement dit, la grande vague de baisse enclenchée en 2024 semble désormais derrière nous. Place à une phase de consolidation, dans un environnement où les tensions politiques et financières jouent et joueront un rôle déterminant.
Le spectre de l’instabilité politique sur les marchés financiers
Les regards se tournent vers l’actualité gouvernementale. Le vote de confiance du 8 septembre pourrait rebattre les cartes. Déjà, le taux de l’OAT 10 ans, référence des banques, a grimpé à 3,57 % début septembre, contre 3,40 % en août. Certaines banques attribuent cette hausse directe « au contexte de remontée des taux observés et anticipés en lien avec l’instabilité politique, les tensions sociales et la tension sur les marchés financiers ».
Cafpi alerte ainsi : «
Cette accalmie pourrait être de courte durée, à l’approche du vote de défiance attendu début septembre contre le gouvernement Bayrou, et des incertitudes qu’il pourrait engendrer. »
La vigilance reste donc de mise. Néanmoins, contrairement à d’autres périodes de turbulences, les établissements bancaires continuent de jouer la carte de la conquête commerciale, évitant un durcissement brutal.
Le robinet du crédit immobilier reste ouvert
Pour les ménages, la rentrée n’est donc pas synonyme de fermeture de fenêtre de tir. Les banques multiplient les initiatives pour séduire les jeunes actifs ou les profils solides. Vousfinancer rapporte par exemple l’offre d’une banque régionale, proposant aux moins de 36 ans un taux unique de 2,99 %, quelle que soit la durée du prêt.
Dans le même temps, les
dispositifs de prêts bonifiés demeurent : prêts entre 0 et 1,99 % pour les primo-accédants ou pour les acquéreurs d’un logement performant sur le plan énergétique. Des leviers précieux pour améliorer son financement et préserver son budget.
Comme le résume Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer : « A ce stade, les quelques hausses de taux affichées ne pourraient en fait ne concerner que certains emprunteurs, car ceux que ciblent prioritairement les banques, eux, pourront toujours bénéficier de décotes de taux et donc de taux stables finalement. »
Un pouvoir d’achat immobilier qui résiste
Autre motif de satisfaction : la stabilité des taux, combinée à des prix de l’immobilier globalement sages, soutient le pouvoir d’achat des ménages. D’après Cafpi, il est resté quasi inchangé entre juillet et août. Sur un an, les gains sont notables : + 10 % de surface achetable à Lille et Rennes, + 1 à + 3 m² dans la plupart des grandes villes, et même un petit gain de 0,32 m² à Paris pour une mensualité de 1 000 € sur 25 ans dans l’immobilier ancien.
De quoi traduire une réalité encourageante : malgré la remontée récente des taux d’emprunt d’État, le marché immobilier français demeure accessible pour une large partie des acquéreurs.
Quelles perspectives pour les prêts immobiliers en cette rentrée prudente mais constructive ?
Certes, les tensions politiques et financières pourraient peser sur l’évolution des taux dans les prochaines semaines. Mais la concurrence bancaire, la volonté d’accompagner les ménages et les dispositifs incitatifs maintiennent un environnement favorable, selon les experts.
Cette rentrée 2025 se présente donc comme un moment stratégique pour sécuriser son financement. Les hausses observées restent modérées, les meilleures conditions sont encore négociables, et les prix n’ont pas flambé. Comme le conclut Sandrine Allonier : « Même si les hausses se poursuivent, dans un contexte de forte concurrence interbancaire, elles devraient rester limitées. D’autant que début novembre, les compteurs seront remis à zéro et les crédits demandés entreront alors dans les chiffres de production 2026. »
Une rentrée donc plus rassurante qu’il n’y paraît, où les opportunités demeurent nombreuses pour les emprunteurs déterminés.